Retour au pays natal

Qu'il soit cahier d'Aimé Césaire
ou énigme romanesque de Dany Laferrière,
chaque retour est une aventure sanguine,
une quête aux racines sous-marines de sa terre,
belle comme l'oxygène naissant,
forte à renverser les mondes aplatis,
accroupie devant la boulimie d'images,
bavarde et muette d'inquiétude, d'amnésie, de faim.
Lumineusement obscure
jusqu'au bout du petit matin...


Afficher mon trip sur une carte plus grande

jeudi 14 octobre 2010

Menaces

Haïti souffre de la coupe intensive et systématique de sa forêt depuis des siècles, initiée par les colons espagnols, puis français, et poursuivie par la population indigène pour cuisiner, le charbon de bois étant encore aujourd'hui la seule source d'énergie disponible pour les millions d'Haïtiens vivant sous le seuil de la pauvreté. 


Pour s'en rendre compte, ci-après la Cordillera Central en République dominicaine...

                     


Et la même chaîne de montagnes en Haïti...

Les mornes, comme on appelle ici ces crânes rasés, culminent pour certains à plus de 2500 mètres. Lors des pluies tropicales, des tempêtes et autres cyclones, rien ne retient donc l'eau qui dévale en torrents furieux, creusant inlassablement depuis des siècles les flancs des montagnes et emportant ce qui reste de terre arable et de couverture végétale vers la mer... Cousteau avait déjà filmé dans les années 70 les fonds sous-marins de la Baie de Port-au-Prince, étouffés sous des tonnes de terre. 
A Wahoo Bay, j'ai toutefois pu constater un petit regain de vie tant des coraux que des poissons. Mais, cette petite baie a l'avantage d'être protégée des immenses ravines qui saignent les mornes. 

Quoi qu'il en soit - et les exemples sont là pour le prouver comme le jardin de mes amis - tout n'est pas perdu, loin de là. Reboiser et replanter est possible. Des organisations comme Helvetas Suisse financent depuis longtemps ce genre de programmes à travers le pays. Reste que la situation socio-économique du peuple haïtien - la grande majorité ne vit qu'avec 2 dollars US par jour! - qui s'est dramatiquement dégradée depuis le séisme, est un sérieux frein à la revitalisation de ces montagnes, pourtant indispensable à la protection et à la survie de la population, à la formation et à l'emploi, à l'environnement et à la biodiversité - déjà plus importante en l'état actuel en Haïti qu'en République dominicaine-, et à l'économie du tourisme - quasi inexistante en Haïti. 

A cela s'ajoute une autre menace, celle des carrières creusées à même ces mornes, les fragilisant d'autant (voir "On the Road to PaP").
Lors du tremblement de terre du 12 janvier, plusieurs de ces carrières se sont effondrées emportant maisons et habitants, à l'image de celle sur la route allant à Boutilliers, dont l'exploitation a depuis été interdite...!?!?!

   
      (la carte en un clic, ici)                                      (l'album ici)  

En résumé, la problématique haïtienne est d'une complexité rare qui nécessiterait une intervention à tous les niveaux et en même temps: reconstruction et infrastructures (réseau routier, réseau d'eau, réseau d'électricité), éducation et formation, développement des technologies (réseau internet), développement des technologies de développement durable (solaire, éolien, biomasse, etc.), relance de l'agriculture locale (café, sucre, cacao, fruits, légumes, etc.),  établissement d'un système social (assurances maladie, accident, chômage, retraite), refonte du système de santé, relance du tourisme, micro-finance, etc.
Evidemment, seul un régime politique et économique stable, indépendant, honnête et orienté vers l'avenir pourrait enfin permettre à ce rêve ancestral de se réaliser... Nous en reparlerons après les élections présidentielles du 28 novembre prochain!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire