En 10 mois, seuls 2 à 3% des 25 millions de mètres cubes de gravats et autres débris qui encombrent la capitale depuis le 12 janvier ont été déblayés.
10 mois que plus d'un million au moins de personnes vivent dans des conditions infra-humaines. Dominées et agressées au quotidien, pour nombre d'entre elles, par cet hideux monument à la victoire d'une révoltante stabilité érigé par Aristide au Champ de Mars...
"Une journée dure ici une vie.
On naît à l'aube.
On grandit à midi.
On meurt au crépuscule.
Et demain, il faut changer de corps."
Dans ces mots de Dany Laferrière, tout le poids de la dure mais si crue vérité du non-sens de la vie en Haïti. Pas étonnant, dès lors, qu'aucune loi, qu'aucun projet, qu'aucune promesse, qu'aucune valeur - surtout pas la vie d'autrui, pas même celles des enfants - ne soient respectés. A moins de 500 mètres de la maison des amis chez qui je loge, deux enfants de 12 et 15 ans ont été enlevés vendredi dernier à 20h00 dans la cour de leur maison contre une rançon de 300'000 dollars US chacun dans un pays où les 3/4 de la population vivent avec moins d'un dollar par jour!!!
On raconte ici cette blague qui fait beaucoup rire, les Haïtiens ont un grand sens de l'humour, de celui qui permet, parfois, de rendre les choses plus légères...
Le Premier ministre haïtien va rendre visite à son homologie dominicain. Impressionné par la belle et grande maison de son alter ego, le Premier ministre haïtien lui demande comment il peut s'offrir un tel luxe. Le Premier ministre dominicain lui répond: "C'est facile: j'ai soutenu et accepté le projet d'une autoroute à quatre voies que tu peux vois là devant toi." L'Haïtien regarde l'autoroute et s'étonne qu'il n'y ait que deux voies. "Tu marches sur les deux autres voies", rigole le Premier ministre dominicain.
Quelques mois plus tard, le Premier ministre haïtien invite à son tour son homologue chez lui. Ce dernier, stupéfait par ce qu'il voit, l'interroge sur le faste et l'immensité de sa maison. "J'ai suivi tes conseils: j'ai accepté le projet d'une autoroute à quatre voies", lui répond souriant son homologue haïtien. "Certes, mais je ne vois pas de route", s'étonne le dominicain. "Normal, tu marches dessus!"
La barre des 1000 décès du choléra a été franchie et quelque 15'000 personnes sont hospitalisées, victimes de cette épidémie qui touche désormais six des dix départements d'Haïti. Et ce ne sont que les statistiques de l'Etat... "On meurt et tout le monde s'en fout", déclarait un homme d'un village du centre du pays durement frappé par le bacille...
Les Dominicains vont sans doute fermer tous les postes frontières, quatre cas au moins y ont été recensés. Et on parle désormais de mettre Haïti en quarantaine...
Lire à ce sujet, l'édifiant et excellent article du non moins excellent Frantz Duval du Nouvelliste, "La Bombe K", comme Kaka, Koléra, Korruption, et kaetera:
https://docs.google.com/viewer?a=v&pid=explorer&chrome=true&srcid=0B0URDZkeoMeRZjc4YjM3ZGQtZmFlNy00OTAxLThmNjYtNTNjMmE4MjE4ZWNh&hl=fr&authkey=CNKgzvIH
Ayiti, réjouis-toi, tous ces événements qui s'entrechoquent t'assurent de rester présente dans la mémoire populaire de ce monde globalisé qui salive devant le sang de tes enfants...
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